Des montagnes, à perte de vue. Des vallées profondes, balayées par le vent glacial dès la tombée de la nuit, vers 17 h. Bienvenue en Afghanistan, sur la base de Nijrab, dans le nord de la vallée de la Kapisa. Une zone-clé passée intégralement sous responsabilité française au sein des forces de l’Otan pour tenter de "verrouiller" Kaboul. L’ensemble des vallées forment un point de passage entre les zones tribales pakistanaises, refuges des Taliban, et la capitale afghane.
"Le piège"
Dans la nuit du 26 octobre, les blindés de la section Forban se mettent en marche. Ça craque et grince. A l’entrée de la vallée, à Maqtab, Tony, Gégé, Bogo et Olivier se mettent en marche pour avancer le plus discrètement possible. La population n’est pas encore réveillée. Mais au fur et à mesure que le jour se lève, quelques paysans surgissent. En même temps, les Taliban apprennent la présence des Français, et se positionnent, eux aussi. Le piège anti-Taliban des marsouins pourrait se transformer en piège tout court ! Sur plus d’un kilomètre, une ligne de front se dessine, en suivant les méandres du lit d’une rivière.
"Putain les gars, baissez la tête !"
Un coup de feu retentit. Son écho est entendu par les 300 soldats français déployés. C’est le début de la bataille. Elle va durer plus de deux heures. Violente, sale. Les rires sont nerveux, les cris indispensables. La peur toujours présente. "C’est toujours dans les premières minutes qu’on a des morts ou des blessés dans nos rangs", dit un des jeunes officiers alors que les balles percent l’air au ras des casques.
Alors que la section Forban 4 tient les premières lignes, elle s’aperçoit qu’un sniper taliban avance de plus en plus. Impossible de lui tirer dessus, il est caché et mobile : les marsouins enragent et sont contraints d’attendre l’arrivée des hélicoptères américains pour l’éliminer.
La bataille de l’Afghanya, c’est une bataille, comme les autres, vue dans le regard d’une section de marsouins. Une section qui va rentrer en Bretagne, à la fin de sa mission, avec ses doutes, ses morts, et ses blessés.