5 septembre 2013 – 18:05.....
L'ASAF se rejouit de cette décision de justice.
Pour avoir traité de "lâche" le lieutenant-colonel Jackie Fouquereau, responsable, en 2009, du bureau de presse de l’armée française à Kaboul, le journaliste et ancien otage Hervé Ghesquière a été condamné par le tribunal de Boulogne-sur-Mer, ce 5 septembre, à une amende de 2.000 euros avec sursis pour diffamation.
Envoyés en Afghanistan afin de réaliser un reportage pour le magazine “Pièces à conviction”, diffusé par France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponnier avaient été enlevés en décembre 2009 par des insurgés alors qu’ils s’étaient rendus sans autorisation dans la province de Kapisa. Cette affaire donna matière par la suite à une polémique, étant donné qu’il leur fut reproché par les autorités d’avoir été imprudents.
“Le problème avec l’armée, c’est qu’elle prend les journalistes pour des agents de communication. (…) En Afghanistan, à l’époque, le discours officiel était ‘dormez tranquille, tout est sous contrôle.’ Nous, on a voulu constater sur place. Et on s’est fait enlever sur la route principale de la Kapisa, la plus petite Province de l’Afghanistan, qui représente 0,3% du territoire! Que les Français n’en contrôlent pas la route principale, ça pose un léger problème. Tout n’était donc pas sous contrôle, loin s’en faut”, expliquera plus tard Hervé Ghesquière, à Télérama, lors de la publication de son live relatant ses 547 jours de captivité.
“Pendant ces 547 jours, dès qu’un indice laissait penser que la vie des otages pouvait être mise en cause, les opérations ont été stoppées. A chaque fois, les insurgés ont reconstitué leurs forces et ont posé des engins explosifs improvisés. Les soldats ont contribué à la sécurité de la Kapisa et à la libération des otages. A aucun moment (M. Ghesquière) n’a fait état de ce rôle. Pendant ces 547 jours, 27 militaires sont morts” avait tenu à rappeler le colonel Thierry Burkhard, alors porte-parole de l’Etat-major des armées à l’époque.
Quoi qu’il en soit, dans son livre, Hervé Ghesquière avait accusé le lieutenant-colonel Fouquereau d’avoir “intoxiqué” le gouvernement en affirmant que les deux journalistes cherchaient “à tout prix à rencontrer des talibans.” Plus tard, dans un entretien accordé aux Echos du Touquet, il avait été jusqu’à traiter l’officier de “lâche” étant donné qu’il avait refusé de le rencontrer, malgré l’envoi de plusieurs lettres recommandés.
Ce que, et comme on peut le comprendre, le lieutenant-colonel Fouquereau n’a pas apprécié. D’où sa plainte en diffamation, qui a été l’objet d’une audience le 11 juin dernier. A cette occasion, Hervé Ghesquière avait expliqué que le terme de “lâche” était “à comprendre dans le sens que son acte était lâche car il refusait seulement de me voir et c’était le seul.”
Ce qui, manifestement, n’a pas convaincu le tribunal, qui a également condamné le directeur de publication des Echos du Touquet à une amende de 4 000 euros ferme pour avoir publié les propos d’Hervé Ghesquière.
En outre, les deux hommes devront s’aquitter solidairement de 5.000 euros de dommages et intérêts et de 2.500 euros au titre des frais de justice. Enfin, ce jugement devra être publié, par extrait, dans La Voix du Nord (titre qui appartient comme Les Echos du Touquet au groupe du même nom) et dans le magazine Armées d’aujourd’hui.
Va-t-on enfin en rester là? Pas sûr. Si l’avocat d’Hervé Ghesquière attend de s’entretenir avec son client afin de savoir s’il doit ou non faire appel, celui du directeur de publication des Echos du Touquet entend remettre en cause ce jugement.