Soldats de France - Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO)

Interview de Jean-Louis TREMBLAIS, auteur avec le Colonel SASSI de "Opérations Spéciales : 20 ans de guerres secrètes"

Nous l'annoncions dans un précédent article, Jean-Louis TREMBLAIS, grand reporter au Figaro Magazine, à réalisé sous forme d'entretien, une biographie du Colonel SASSI. Après la parution de son livre aux éditions NIMROD, Jean-Louis TREMBLAIS a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions.
Le livre est disponible en librairie.



Interview de Jean-Louis TREMBLAIS, auteur avec le Colonel SASSI de "Opérations Spéciales : 20 ans de guerres secrètes"

Jean-louis TREMBLAIS, vous venez de rédiger sous forme d’entretien à « 4 mains » la biographie du Colonel SASSI, cette figure légendaire des fameux mais méconnus  « JEDBURGH ».  Pourquoi/comment  avez-vous eu envie de raconter la vie du col Sassi ?

Au printemps 2008, j’enquêtais pour le Figaro Magazine sur les Hmongs du Laos, persécutés par le gouvernement communiste de Vientiane depuis 35 ans. Ce peuple nous a soutenus pendant la guerre d’Indochine, avant de faire de même avec les Américains pendant le conflit vietnamien. Cet engagement anticommuniste –à nos côtés-, il le paye chèrement, encore aujourd’hui : internement, déportation, massacres. Tous mes interlocuteurs m’ont orienté vers le colonel Sassi, qui fut le chef des maquis GCMA (Service Action) au Laos de 1953 à 1955. Je l’ai rencontré pour l’interviewer au sujet de ces Hmongs qu’il avait bien connus. Le contact est passé. Fasciné par son histoire (qui commence avec les Jedburghs en 1943-44), je lui ai demandé sans conviction s’il souhaitait écrire ses mémoires. Elevé dans le culte du secret, il ne l’avait jamais fait. A ma grande surprise, il a accepté. Une occasion inespérée : il fallait que nos compatriotes sachent quels sacrifices, quels tourments, quelles souffrances certains hommes ont enduré pour notre pays. Sans gloire ni publicité. Pendant plusieurs mois, de juillet à octobre 2008, nous nous sommes revus. J’ai découvert un conteur de talent, non dénué d’humour. Le contraire du matamore hâbleur et vantard. Un pur bonheur. Le résultat de ces entretiens, c’est donc ce livre.

 

Vous rentrez d’Afghanistan, la rédaction de l’ouvrage du Col SASSI vous a-t-elle permis d’appréhender ce qui se passe sur le terrain de manière différente ?

Même si les Forces Spéciales y sont actives, je me garderais bien d’effectuer un parallèle. Le contexte historique est radicalement différent. Le colonel Sassi menait avec ses partisans Hmongs une guerre non-conventionnelle ou contre-insurrectionnelle mais dans un cadre précis : la décolonisation, avec la guerre froide en toile de fond. Des dizaines de milliers de soldats français se battaient là-bas. En Afghanistan, nos 3 000 hommes (ce n’est pas un énorme contingent) se battent dans une coalition internationale, sous la bannière de l’OTAN, contre une nouvelle menace : l’islamo-terrorisme

 

A la lecture de votre livre, on a l’impression que seul des profils « non conventionnels », hétérodoxes peuvent  véritablement être des acteurs valable dans une guerre révolutionnaire.

C’est vrai. Toute sa vie, le colonel Sassi s’est heurté à la hiérarchie et au commandement. Pour ne retenir qu’un exemple : son opération D (Desperado) visant à désenclaver Dien Bien Phu avec une colonne de 2000 partisans Hmongs et une poignée de cadres français fut décidée sans le feu vert de l’Etat-Major. Ce type de guerre souterraine et subversive choquait les mentalités de l’époque : l’armée, et c’est toujours vrai, est souvent peu encline à tolérer les initiatives individuelles et les méthodes iconoclastes. Les généraux ont parfois tendance à accorder plus d’importance au règlement qu’aux résultats…

 

JLT , vous avez beaucoup  bourlingué, vous connaissez  de nombreux conflit, vous côtoyez les « hommes de guerre ». Que vous a inspiré le Col SASSI ?

Un immense respect. A 90 ans, il avait gardé le même enthousiasme que chez les Jedburghs. Des convictions intactes, malgré les déceptions multiples (en Algérie, notamment). Son histoire, telle que relatée dans le livre, est plus qu’un témoignage militaire : c’est une école de la vie.

 

JLT, vous êtes grand reporter au Figaro Magazine, votre livre ne va pas manquer de combler un vide. En tant qu’acteur de la société civile, vous êtes sensible à la démarche de l‘ANSSO. Que souhaitez vous dire à nos soldats qui se battent en Afghanistan, en RCI , au Liban, au Tchad au Kosovo ?

Qu’il se trouvera toujours quelqu’un pour relater leurs faits d’armes et entretenir la mémoire. Même s’ils se sentent parfois en décalage avec nos sociétés contemporaines, loin des préoccupations quotidiennes de nos compatriotes. C’est aussi pour cela que nous avons souhaité écrire ce livre : en hommage à tous ceux qui sont tombés pour la France, à tous ceux que la France a laissé tomber. Français, légionnaires étrangers ou partisans autochtones…