FACE AU RISQUE TERRORISTE, LA FRANCE DOIT SE DOTER D’UN PACTE DE SÉCURITÉ

« Tuez des sales français » : une déclaration qui fit office de déclencheur :
Le 22 septembre 2014, Abu Mohammed al-Adnani, porte parole de l’EI, exhortait dans un message audio les musulmans du monde entier à tuer « de quelque manière que ce soit » les « infidèles américains ou européens… et particulièrement les sales Français ».

L’étude chronologique et approfondie des attentats et autres actes d’inspiration terroriste commis en France depuis l’affaire Merah, surtout depuis cette déclaration du porte parole de l’EI, met en lumière une multitude de signaux faibles et forts qui ont abouti aux tueries de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 et aux attentats du 13 novembre 2015 (soit 2 tueries de masse en moins d’un année).



Des signaux alarmants sous-évalués :
Ce n’est pas faute de l’avoir dit et écrit (article CORPGUARD du 23 aout 2015 : Pourquoi les attentats vont se poursuivre : La stratégie des milles entailles» http://www.corpguard.com/fr/2015/08/pourquoi-les-attentats-vont-se-poursuivre-la-strategie-des-milles-entailles/) ; entre fin aout et début octobre 2015, la presse s’est fait l’écho de ce que de nombreux experts et les responsables de la lutte antiterroriste craignaient que la France ne soit la cible de nouveaux attentats "impossibles à déjouer" et prédisaient « 11 septembre » imminent sur son territoire (http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/09/18/arrestation-d-un-ex-djihadiste-qui-aurait-projete-des-attentats-contre-une-salle-de-concert_4762141_1653578.html).
Un ex-djihadiste arrété en Aout 2015 avait même évoqué un projet d’attentat visant une salle de spectacles ! (Le monde du 19 septembre 2015 http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/09/18/arrestation-d-un-ex-djihadiste-qui-aurait-projete-des-attentats-contre-une-salle-de-concert_4762141_1653578.html).
Malheureusement, nul n’est prophète en son pays.
Il n’est pas temps aujourd’hui d’ouvrir le débat afin de savoir pourquoi face à tant de signaux d’alarme rien n’a été mis en oeuvre par l’Etat, ni pourquoi l’Etat d’urgence n’a pas été décrété après les attentats de janvier 2015, même si la question doit légitimement être posée.
 
Il faut se rendre à l’évidence, notre pays est sous la menace de nouvelles frappes :
Le rythme, la fréquence et le caractère récurrent des actes d’inspiration terroriste sur notre territoire (déjoués, évités de justesse ou de moindre amplitude en nombre de victimes) prouvent que nous sommes confrontés à une menace réelle, diffuse, permanente et très élevée. La société civile doit prendre conscience que le climat sécuritaire dans lequel nous vivons est extrêmement dégradé et que dans ce climat des mesures doivent être prise.
 
Gêner l’action de terroristes par une action dynamique de nos forces
Nous le répétons ici, au lieu de subir le tempo des terroristes, il faut leur imposer le notre. Pour ce faire il faut rendre plus dynamique l’opération Sentinelle qui, de l’aveu même du Chef d’Etat-Major de l’Armée de Terre (CEMAT), a été une ligne Maginot que les assaillants du 13 novembre ont su contourner en frappant là ou on ne les attendait pas (principe de la guerre en style indirecte).
Dès le 15 Novembre, Jean-Dominique MERCHET formulait cet impératif sur son blog Secret Défense. Nous même appelions le 18 novembre à changer de posture de combat.

Bien que ces articles ne semblent être de nature à inspirer les réflexions militaires, le Général BOSSER, Chef d’Etat-Major de l’Armée de terre (CEMAT), reconnaît dans un article de la Revue de Défense nationale (RDN) à paraître en Janvier 2015, les limites de l’opération sentinelle dans « la défense de l’arrière face à l’ennemi ». Il écrit ainsi : « […] qu’il faut substituer une approche dynamique dans le temps et dans l’espace… et rendre les dispositifs plus mobiles afin de générer de l’incertitude en faisant peser sur l’ennemi une menace non prédictive et omniprésente ».
L’armée gagnerait parfois à guetter les avis et analyses de la société civile.
 
Les scenarii du pire auxquels la société civile doit être préparée
Depuis les attaques du 13 novembre plusieurs scénarii sont désormais à privilégier :
  Le Franc-Tireur « isolé » (initiative individuelle sans tutelle hiérarchique) : C’est typiquement le cas de l’attentat de St Quentin Fallavier en Juillet 2015 et plus récemment de Valence du 2 janvier 2016 ; et plus anciennement des affaires de Dijon et de Metz (voir tableau).
  Le ou « la » kamikaze avec ceinture d’explosifs Stade de France, Bataclan, projet d’attentat aux Quatre temps, projets d’attentats présumés du couple de Montpellier.
  L’attaque industrielle ou écologique contre des sites « Seveso » Le risque industriel est majeur et il faut se rappeler que c’est ce que cherchait à faire le terroriste de St Quentin-Fallavier en projetant son véhicule sur des cuves de la société Air Products .
  L’attaque ou l’agression des forces de l’ordre ou de l’Armée avec projet de décapitation Collioure, Toulon, Orly, La Défense, Metz, Paris, Orléans …
  Fusillades depuis un véhicule « Petit Cambodge » et « la belle équipe », projet de Bruxelles et arrestation de Mohamed X en Avril 2014 à Antibes.
  Tueries de masse suivies ou précédées d’une prise d’otage Charlie Hebdo, Hyper Casher, Thalys, Bataclan, Petit Cambodge et… projet au Quatre-Temps
  L’attentat chimique ou la mise en œuvre d’une bombe « sale » Alertes émises par le gouvernement sur le risque chimique pendant la COP 21
  Attaques multiples et simultanées impliquant plusieurs « équipes » Stade de France/Bataclan, Hyper Casher/Charlie Hebdo, annonce faites par l’EI
 
Ces scenarii sont à mettre en perspective avec les récentes offensives de l’EI sur des site pétrolifères (Ben Jawad) en Libye et l’annonce de la présence de 5000 « combattants de l’EI sur ce territoire faisant de la Lybie une base d’assaut vers l’Europe et permettant l’infiltration de terroristes parmi les réfugiés.
 
 
Agir en amont afin que les mêmes causes ne reproduisent pas les mêmes effets
Il n’est plus temps de savoir si notre territoire peut subir de nouvelles attaques, ni de savoir où et quand. Il convient aujourd’hui de tirer les enseignements du 13 novembre pour savoir, en cas d’attaque comment sauver un maximum de vies.
Nous livrons ici quelques pistes non exhaustives :
 
  CONSTATS TIRES DES ATTAQUES DU 13 NOVEMBRE 2015 EXEMPLES D’ACTION A MENER Elles ont été imprévisible et soudaines Former la population à la vigilance, faire du renseignement, permettre à chacun de rapporter et de signaler les comportements suspects, permettre aux organismes sociaux (Urssaf, sécu, ANPE …) d’informer les employeurs, et vice et versa, transmettre les fiches « S » , vérifier systématiquement en cas de nouvelle embauche les antécédents, permettre aux forces de l’ordre des arrestations préventives (ex : dans le cadre de l’Etat d’Urgence) etc … Elles ont frappé des sites préalablement reconnus (Stade de France) ou un minimum de contrôles d’accès et la vigilance d’un vigile qui n’était pas en service a probablement évité un massacre Réaliser les audits sûreté/sécurité des sites sensibles, industriels, des entreprises, Centre-Commerciaux, gares, Universités, écoles, afin d’optimiser les effets ralentisseurs ou de limitation (containement). Elles ont frappé des cibles « au hasard » ou le nombre de victime serait considérable et offrant le moins de « sécurité » Faire des patrouilles mobiles et dynamiques, comme suggéré par le CEMAT, Former les agents des forces de l’ordre et plus généralement l’ensemble des agents de sécurité aux gestes qui sauvent en cas de blessure par balle, avec saignement massif,  ou polyblessures, ou hémorragie Les primo intervenant armés (équipage BAC au Bataclan) ont été en mesure de neutraliser un terroriste sauvant ainsi de nombreuses vies.
  Les sites « stratégiques » doivent être protégés par des unités de gendarmerie ou militaires (ex : Kourou) les autres sites, notamment privés, par des sociétés ayant a très court terme capacité à déployer des agents armés. Elles ont fait de très nombreuses victimes par arme de guerre dont beaucoup sont décédés d’hémorragies multiples.
  Dans les zone à forte densité (Gare, aéroport, C-C, Metro, salles de spectacle et de concert, stades, des audits doivent être diligentés et des procédures /matériel et équipement doivent être mis en œuvre : zone de triage des blessé, itinéraires d’évacuation matérialisé, safe-zone, brancards souples, équipement médicaux permettant d’arrêter des hémorragies et stabiliser des blessés par armes de guerre … (garrots tourniquets, solution hémostatiques…).  
Adopter une posture de combat, reformer le cadre du port d’arme pour les agents de sécurité privé et utiliser les golden minutes pour sauver des vies :
 
L’évocation d’un pacte de sécurité par le Président de la République doit désormais s’inscrire dans ce cadre et  l’Etat doit mener une réflexion dans les plus brefs délais pour sortir notre pays de la torpeur et de la sidération dans laquelle nous sommes pour diffuser une « culture du combat » de tous les acteurs à tous les instants et adopter une posture de combat adaptée au niveau de menace.
Réformer le port d’arme au profit de sociétés privées semble désormais un impératif qu’il serait criminel et irresponsable de ne pas envisager à l’image d’autres pays.
C’est à ces conditions seulement que nous serons prêt à affronter un nouveau Bataclan et à limiter le nombre de victime.
A défaut, les conséquences humaines, sociales, politiques d’un nouveau 13 novembre seraient catastrophiques.
 
David HORNUS

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