CELA fait douze ans que les soldats de la paix français déployés dans le Sud-Liban n'avaient plus reçu la visite d'un président de la République ou d'un premier ministre. Jacques Chirac fut le dernier à faire cet effort le 4 avril 1996. François Fillon a donc réparé, hier, un oubli. Et marqué, à sa façon, les trente ans de la présence militaire française au sein de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Lors de son déplacement en juin dernier, Nicolas Sarkozy avait annulé au dernier moment sa visite.
À son arrivée à At-Tiri, le QG des Casques bleus français, planté sur un piton rocheux à dix kilomètres de la frontière israélienne, Fillon est accueilli par une Marseillaise chantée a cappella par deux cents soldats. Le chef du gouvernement, qui a longtemps rêvé d'être ministre de la Défense, apprécie et prend son temps. Il assiste à une spectaculaire démonstration de déminage et à une manœuvre de chars Leclerc. Échange quelques mots avec de jeunes sous-officiers autour d'un café partagé au foyer militaire. Dans son discours, il fait vibrer la corde patriotique en rendant hommage aux 271 Casques bleus « tombés dans ces montagnes, dans ces vallées ». « Beaucoup reste à bâtir, au Sud-Liban. La concorde n'est pas restaurée. La paix n'est pas entièrement, ni définitivement acquise », dit-il. Cette « paix encore fragile » n'empêche pas Fillon de voir l'avenir avec optimisme : « Chaque jour, des progrès s'accomplissent. »
A Beyrouth, il a promis à son homologue, Fouad Siniora, que la France maintiendra son « effort tant que cela sera nécessaire et tant que le gouvernement libanais le souhaitera ». Devant les hommes d'affaires français qu'il a encouragés à investir au pays du Cèdre, Fillon s'est réjoui de « la sécurité retrouvée du pays ». Six mois après la signature des accords de Doha qui ont permis au Liban de renouer avec la stabilité politique, il a fait la tournée des dirigeants libanais pour réaffirmer le soutien de la France. Il a conforté le président Michel Sleimane (de confession maronite), dîné avec le premier ministre Fouad Siniora (sunnite) et salué hier le président du Parlement Nabih Berry (chiite).
En bon connaisseur des subtilités de l'Orient, Fillon attend maintenant la suite de la mise en œuvre des accords de Doha. À commencer par les élections législatives du printemps 2009, pour lesquelles la France est prête à apporter son « concours technique ».
Fragile retour au dialogue
Ce scrutin crucial servira de test au fragile retour du dialogue entre les multiples communautés libanaises. François Fillon, qui est allé déposer une gerbe devant le mausolée du président martyr Rafic Hariri, tué dans un attentat en 2005, a martelé que « sa mort ne doit pas rester impunie ». Il a répété que la France voulait que « le tribunal spécial se mette en place ». Sans pouvoir en dire plus sur le calendrier. Les Libanais accusent Damas d'être impliqué dans cet attentat, ce que la Syrie a toujours démenti.
La France, qui encourage le dialogue avec Damas, attend des gestes de la Syrie : « Nous avons obtenu des engagements de la Syrie. Nous attendons qu'ils soient respectés. » Les engagements ? L'échange des ambassadeurs prévu, avant la fin de l'année, tarde malgré l'ouverture du dialogue entre la Syrie et le Liban. La France voudrait aussi que ces deux « pays frères » discutent du dossier des disparus et de la délimitation de la frontière. « Si la Syrie n'accepte pas ses engagements, nous en tirerons toutes les conséquences », a-t-il menacé. Une fermeté appréciée côté libanais. Optimiste en public, Fillon admet en privé que « c'est long. Il y a beaucoup d'espoir, mais les choses avancent à un rythme oriental ».
Source : Le Figaro du 21/11/2008
À son arrivée à At-Tiri, le QG des Casques bleus français, planté sur un piton rocheux à dix kilomètres de la frontière israélienne, Fillon est accueilli par une Marseillaise chantée a cappella par deux cents soldats. Le chef du gouvernement, qui a longtemps rêvé d'être ministre de la Défense, apprécie et prend son temps. Il assiste à une spectaculaire démonstration de déminage et à une manœuvre de chars Leclerc. Échange quelques mots avec de jeunes sous-officiers autour d'un café partagé au foyer militaire. Dans son discours, il fait vibrer la corde patriotique en rendant hommage aux 271 Casques bleus « tombés dans ces montagnes, dans ces vallées ». « Beaucoup reste à bâtir, au Sud-Liban. La concorde n'est pas restaurée. La paix n'est pas entièrement, ni définitivement acquise », dit-il. Cette « paix encore fragile » n'empêche pas Fillon de voir l'avenir avec optimisme : « Chaque jour, des progrès s'accomplissent. »
A Beyrouth, il a promis à son homologue, Fouad Siniora, que la France maintiendra son « effort tant que cela sera nécessaire et tant que le gouvernement libanais le souhaitera ». Devant les hommes d'affaires français qu'il a encouragés à investir au pays du Cèdre, Fillon s'est réjoui de « la sécurité retrouvée du pays ». Six mois après la signature des accords de Doha qui ont permis au Liban de renouer avec la stabilité politique, il a fait la tournée des dirigeants libanais pour réaffirmer le soutien de la France. Il a conforté le président Michel Sleimane (de confession maronite), dîné avec le premier ministre Fouad Siniora (sunnite) et salué hier le président du Parlement Nabih Berry (chiite).
En bon connaisseur des subtilités de l'Orient, Fillon attend maintenant la suite de la mise en œuvre des accords de Doha. À commencer par les élections législatives du printemps 2009, pour lesquelles la France est prête à apporter son « concours technique ».
Fragile retour au dialogue
Ce scrutin crucial servira de test au fragile retour du dialogue entre les multiples communautés libanaises. François Fillon, qui est allé déposer une gerbe devant le mausolée du président martyr Rafic Hariri, tué dans un attentat en 2005, a martelé que « sa mort ne doit pas rester impunie ». Il a répété que la France voulait que « le tribunal spécial se mette en place ». Sans pouvoir en dire plus sur le calendrier. Les Libanais accusent Damas d'être impliqué dans cet attentat, ce que la Syrie a toujours démenti.
La France, qui encourage le dialogue avec Damas, attend des gestes de la Syrie : « Nous avons obtenu des engagements de la Syrie. Nous attendons qu'ils soient respectés. » Les engagements ? L'échange des ambassadeurs prévu, avant la fin de l'année, tarde malgré l'ouverture du dialogue entre la Syrie et le Liban. La France voudrait aussi que ces deux « pays frères » discutent du dossier des disparus et de la délimitation de la frontière. « Si la Syrie n'accepte pas ses engagements, nous en tirerons toutes les conséquences », a-t-il menacé. Une fermeté appréciée côté libanais. Optimiste en public, Fillon admet en privé que « c'est long. Il y a beaucoup d'espoir, mais les choses avancent à un rythme oriental ».
Source : Le Figaro du 21/11/2008