Discours du Colonel SEVRIN aux obsèques du Colonel CERISIER
Le Colonel CERISIER est né à FONTAINEBLEAU en octobre 1894, il s’engage en 1912 à l'âge de 18 ans à CHERBOURG au 50° Régiment d’artillerie. En mai 1914 il est nommé sous-officier. La guerre ne le surprend pas mais lui permet immédiatement de donner sa mesure de soldat et de chef puisque dès le 14 septembre il est cité à l’ordre du Corps d’armée, quelques jours après, en octobre, il est cité à l’ordre de l’Armée et décoré de la Médaille Militaire avec le motif suivant :
"A fait preuve en de nombreuses circonstances d’une hardiesse et d’un courage remarquable en sollicitant des missions périlleuses qu’il a pu mener à bien"
Missions périlleuses certes puisqu'il porte sa pièce sur la ligne des tirailleurs et il faut se rappeler ce qu'étaient les combats d'infanterie en septembre 1914 pour comprendre la valeur et la grandeur de ces lignes dans leur sobriété.
Après avoir suivi un cours de perfectionnement il est promu Sous-lieutenant dans l'artillerie de tranchée en juin 1916 et c'est comme officier de "crapouillots" qu'il finira la guerre, blessé le 1° novembre 1918 et titulaire de la Médaille Militaire et de sept citations.
La paix revenue, la vie de garnison ne le tente pas et il part en Pologne où il reste d'avril 1919 au 20 septembre 1920. Il rejoint le 40° Régiment d'artillerie à CHALONS.
En 1921, la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur couronne ses beaux états de services.
La période de 1920 à 1929 est résumée comme suit dans son dossier :
"Officier d'artillerie de haute classe, manoeuvrier dans l'âme, ayant un sens remarquable du terrain, organisateur et chef d'immense prestige, tireur hors ligne."
C'est en 1939 qu'il est affecté an A.F.N. pour prendre le commandement d'un Groupe qu'il conduit sur le front tunisien prêt à remplir comme son chef la mission de sacrifice qui lui est confiée.
Il est fait Officier de la Légion d'Honneur en septembre 1940 et rentre à TUNIS la mort dans l'âme mais non abattu. Ce chef, ce beau soldat n'a pas perdu la foi. A TUNIS d'abord, à TLEMCEN ensuite de 1940 à 1942 il sait inculquer à tous ses brillantes qualités et faire de son unité la plus manœuvrière et la plus ardente du Régiment.
En décembre 1942, il est promu Lieutenant - Colonel et affecté comme adjoint à l'AD/4 qu'il ne quittera que pour prendre le commandement du 64° Régiment d'Artillerie d'Afrique en novembre 1944 alors que son régiment demeure organiquement à l'AD/4.
La période de préparation de 1943 lui permet de donner sa mesure, les unités qu'il prépare sont dignes d'un tel Chef, la Campagne d'Italie verra le couronnement de ses efforts, et il jouera un rôle particulièrement important.
Deux nouvelles citations l'une à l'ordre de l'Armée, l'autre à l'ordre du Régiment qui lui a été attribuée par le 6° Régiment de Tirailleurs Marocains en même temps qu'il était nommé Caporal d'Honneur de ce beau Régiment. "ces deux plus beaux titres de gloire, disait-il."
"Commandant le groupement d'appui direct du 6° R.T.M. notamment dans la phase de rupture du 11 du 13 mai 1944, s'est acquis de nouveaux titres à l'amitié, à la confiance et à la reconnaissance du régiment par sa compréhension immédiate des situations difficiles, par son souci constant de satisfaire effectivement au mieux et au plus tôt, les demandes des fantassins, et par sa volonté continuelle d'assurer, personnellement ou par l'intermédiaire d'Officiers de qualité, la liaison Groupement d'Artillerie - Régiment d'Infanterie dans les circonstances tactiques les plus délicates et malgré un terrain particulièrement difficile. Pour une part très importante, a contribué à l'heureuse issue des combats menés par le Régiment."
p.o. le 30 juin 1944
le Colonel CHERRIERE Commandant le 6° R.T.M.
signé CHERRIERE
Ce fut la campagne de FRANCE, il peut à nouveau fouler le sol de la Patrie, et contribuer à la libération du Pays.
Arrivé à MULHOUSE sa santé laisse à désirer, il est contraint et forcé au repos et c'est à TLEMCEN, auprès des siens qu'il apprend l'armistice, que ses voeux sont comblés, lui qui n'a jamais désespéré.
Malgré sa fatigue, il veut revenir à son Régiment, il veut faire de l'occupation . Tous ceux qui le connaissaient comprenaient ses sentiments, mais le vieux et fier soldat n'était plus le grand Lieutenant de CHALONS, le solide Colonel d'ITALIE. Ses amis étaient parvenu à lui faire comprendre qu'il devait se reposer, mais trop tard , hélas .
Le Colonel Lucien CERISIER est décédé à Feldkirch, le 10 juin 1945
"MORT POUR LA FRANCE"
Signé : SEVRIN