02/02/45 - SCH Lucien RUTHY 24 ans) 2eme BZP



Aîné de trois enfants, Lucien RUTHY est né le 31 juillet 1921 à Colmar en Alsace.
Après la défaite des armées françaises face à lʼarmée allemande en juin 1940, cʼest à Pau, en zone libre, que son père, cadre à la SNCF, décide de sʼinstaller avec sa famille pour fuir lʼannexion de sa région natale par le Reich. Cʼest également dans cette ville quʼà 20 ans, Lucien sʼengage dans lʼarmée dʼarmistice au titre du 2e régiment de Zouaves. Peu après, il embarque à Marseille pour lʼAlgérie et rejoint son unité à Oran le 11 juin 1941.

Promu caporal en novembre 1942, il voit son régiment devenir le 2e bataillon de Zouaves portés au sein du Combat Command n° 3 de la 1re DB créée en 1943 et équipée de matériel américain. En février de la même année, RUTHY reçoit ses galons de sergent.
Dès lors, il subit un entraînement intensif. En juin 1944, il est promu sergent-chef au moment où la division est rassemblée en attendant de partir libérer la France.

Le 10 septembre 1944, il débarque à Sainte-Maxime. Il participe à la chevauchée qui conduira en trois mois lʼarmée de Lattre des côtes de Provence aux portes de lʼAlsace.

Après la remontée de la vallée du Rhône, le 2e BZP ne tarde pas à connaître son baptême du feu. Le 25, dans les Vosges, il participe à lʼassaut du massif boisé du mont de Vannes, bastion puissamment défendu par les jeunesses hitlériennes encadrées par des éléments de la 30e division de Waffen SS. Dans la bataille, ce chef de groupe de choc affronte lʼennemi avec audace et il nʼhésite pas à le poursuivre. Le 4 octobre, lors de lʼattaque de Mielin, il remplace spontanément un de ses camarades commandant une pièce de mitrailleuse particulièrement exposée. Pour lʼensemble de ces faits dʼarmes, il est récompensé par la croix de guerre avec étoile de bronze.

Il prend part ensuite à lʼattaque du dispositif allemand dans la trouée de Belfort, puis à partir du 19 novembre à lʼexploitation en direction du Rhin effectuée par le CC3. Son bataillon est la première unité dʼinfanterie alliée à atteindre le fleuve. Le surlendemain, il entre dans Mulhouse et découvre lʼenthousiasme des populations libérées. Il partage cet enthousiasme lorsque dans une lettre adressée à sa famille il sʼécrit alors : « Mais qui allait nous arrêter !?». Le 25, devant Hochstatt, ses chefs ayant été mortellement blessés, il prend le commandement de la section et pénètre dans le village. Une deuxième étoile de bronze vient récompenser son allant. Le 29, après une lutte acharnée, le CC3 enlève Burnhaupt, mettant ainsi fin à la bataille de Haute-Alsace : 20 000 prisonniers, 100 chars
et autant de canons constituent le bilan de la 1re Armée.

Mais le commandement de la 1re Armée craint une action allemande dans la région de Mulhouse liée à la contre-offensive dans les Ardennes. Aussi la 1re compagnie du 2e BZP, celle de RUTHY, est-elle détachée à Heimsbrunn début janvier afin dʼen renforcer la défense avec un bataillon du « 15-2 ».

Peu après, à Schoenensteinbach, non loin de Pulversheim, verrou de la défense ennemie au nord de Mulhouse, le 2e BZP participe aux furieux combats pour la libération de la poche de Colmar. Le 1er février, adjoint dʼune section de fusiliers voltigeurs, RUTHY nʼhésite pas, une fois encore, à prendre le commandement au moment où son chef est tué.

Peu après, il est lui-même gravement blessé par des éclats dʼobus et décède le lendemain à 30 km de sa ville natale. Pour ce fait dʼarmes, il reçoit une citation à lʼordre de lʼarmée.

Médaillé militaire, ce sous-officier de lʼArmée dʼAfrique laisse derrière lui lʼimage dʼun soldat discipliné, volontaire, pourvu dʼune autorité naturelle et aimé de ses hommes. Il a contribué à perpétuer les grandes traditions des Zouaves au service de la France, ces « traditions de courage et dʼhéroïsme » que le général de Gaulle leur a reconnu en 1945.

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