Yves Logette le 20 Octobre 2014
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Monsieur le Président de la République
La place que vous occupez vous offre le pouvoir fabuleux de faire pratiquement ce que vous voulez ! Soit prendre appui sur la volonté du peuple et des élus, comme aurait fait le général de Gaulle, soit décider, seul, sans leur soutien voire contre celui-ci, comme vous n’hésitez pas à le faire.
Vous pouvez décider d’agir ou de ne rien faire.
Vous pouvez décider de ne rien faire, ou nommer une commission, ce qui revient au même sachant le nombre de personnes autorisées qui lisent et suivent les rapports d’enquête. Ne rien faire comme, par exemple, pour suivre les recommandations de la Cour des Comptes sur les dépenses exorbitantes et les gabegies de l’Etat, ses déficits abyssaux, sur la prise en compte d’une immigration croissante que le niveau du chômage en France ne permet pas d’absorber, sur le record du nombre d’élus par habitant, sur les subventions honteuses accordées à certains organismes, etc …
Vous pouvez aussi décider d’agir, comme vous le faites pour déconstruire la famille traditionnelle, comme vous l’avez fait pour déclarer la guerre, en maintes occasions, sans demander l’accord du peuple et de ses élus. Guerre au Mali contre un adversaire à notre portée, guerre en Centrafrique pour tenter d’éviter des massacres, guerres étendues au Sahel, (désolé de vous plagier avec cette anaphore) guerre en Irak aujourd’hui et peut-être en Syrie ou en Ukraine demain contre un ennemi bien décidé et fortement armé. Vous aviez décidé, seul encore, de frapper la Syrie en 2013 dans l’ombre des Etats-Unis mais avez dû retenir nos avions quand le président Obama a soumis sa propre décision au Congrès, ce qui montre, par ailleurs, que nous n’avons plus de diplomatie ni de politique de Défense indépendantes.
Concernant le budget de la Défense, vous avez fait de belles annonces (« sanctuarisation ») mais prétendre que vous allez garantir, dans la durée, le budget à 31 milliards d’euros est un mensonge car, outre que les livres blancs et lois de programmation n’ont jamais été respectés, ce budget repose sur des recettes exceptionnelles qui ne seront jamais réalisées, comme vous le savez. Sans parler du coût des opérations extérieures, patate chaude que se repassent, sans honte, tous les ministères jusqu’à ce que la Défense les assume.
Certes, les gouvernements qui vous ont précédé, et notamment celui de monsieur Sarkozy, ont largement contribué à la réduction massive des moyens militaires. Votre honneur aurait été de les rétablir à leur niveau suffisant.
Les militaires sont fatigués d’entendre le leitmotiv de la nécessaire participation de tous les ministères à l’effort de rationalisation de l’Etat car ils savent que l’effort est toujours demandé aux mêmes ! Ceux qui ne peuvent pas manifester bruyamment. On connait la chanson : « La Muette, gentille muette, la muette, je te plumerai, et la tête et le bec, etc …. »
Vous nous prenez pour des naïfs, monsieur le Président, en nous expliquant que la Défense doit, pour des raisons d’économies, se séparer de 60.000 postes en 5 ans alors que, dans le même temps, vous embauchez 60.000 fonctionnaires dans l’Education nationale qu’il faudra payer à vie, activité puis retraite.
Comment peut-on supprimer des navires de guerre, des bases aériennes, des régiments et donner, en même temps, à ces unités militaires de plus en plus de missions hors métropole ?
Comment peut-on supprimer un hôpital militaire quand nos blessés, de retour d’Opex, n’ont jamais été aussi nombreux et aussi gravement atteints ?
Vous a-t-on rapporté que nos soldats utilisent le système D ou l’achat dans le commerce pour leurs équipements de terrain qui souffrent trop rapidement ? Vous a-t-on dit que les bataillons déployés en Afrique sont notoirement insuffisants pour l’étendue des missions, le contrôle de populations innombrables et des distances énormes ? Ose-t-on vous rendre compte que les troupes restées en France ne peuvent plus s’entraîner car leurs matériels opérationnels ont été cannibalisés pour assurer une disponibilité optimale sur les théâtres d’opération ?
En tant que chef des armées (article 15), d’une nation qui est membre permanent au Conseil de Sécurité, vous savez que la grandeur de la France repose aussi sur sa capacité à imposer, si besoin par la force, la souveraineté de l’Etat partout où le drapeau tricolore flotte.
Que ferez-vous quand le groupe aéronaval ne pourra pas prendre la mer (parce que notre seul porte-avions est en révision IPER pour plusieurs mois) ni se déployer au large de côtes étrangères où nos ressortissants sont menacés ?
Que direz-vous au pays quand le sous équipement de nos forces spéciales, de notre Marine, de nos drones, etc … ne permettra pas de récupérer nos otages ?
Que direz-vous à Bruxelles quand le faible taux de maintien en condition de nos matériels ne permettra plus de participer à une éventuelle riposte européenne ?
Que direz-vous à l’ONU quand nos forces armées, déjà employées sur plusieurs théâtres en même temps, ne pourront plus constituer un contingent national pour répondre à une résolution qui garantit nos intérêts ?
Que direz-vous aux ministres du gouvernement quand les forces de l’ordre ou de sécurité seront débordées par une insurrection locale d’une banlieue ou d’un DOM aux mains de rebelles qui ne respectent plus nos lois et que la ressource en hommes du ministère de la défense s’avérera insuffisante du fait d’un surcroit d’emploi opérationnel face au terrorisme (raison d’être de nos guerres actuelles), par exemple ?
Taper du poing sur la table de négociations, quelles qu’elles soient, n’impressionne que si on cache un gros bâton dans le dos. Rappelez-vous Staline : « Le Pape, combien de divisions ? ».
Au poste qui est le vôtre, celui du capitaine, l’horizon qui doit vous hanter ne devrait pas être celui des prochaines échéances électorales, objectif petit de petits politiciens, mais celui du redressement de la France et de son image à long terme. Pour cela, vous ne devez pas sacrifier le seul atout qui vous est, par nature et tradition, je dirais même par honneur, fidèle en tous temps et en tous lieux, non pas parce que c’est vous, mais parce que vous êtes aux commandes du navire et qu’ils savent que la traversée sera longue et les tempêtes probables.
Alors, si vous voulez, monsieur le Président, que les armées vous assurent encore « le plus beau jour de votre vie » comme vous l’avez dit à Bamako, il est temps de respecter votre 60ème et dernière proposition de candidat (en espérant qu’elles ne sont pas classées par ordre d’urgence). Je vous cite : « Je maintiendrai une ambition nationale élevée pour notre outil de défense ».
Oui, si vous voulez montrer que vous êtes le capitaine, que vous êtes vraiment capable de réaliser le changement, alors regardez au-delà de l’horizon proche qui est celui de vos matelots et revenez sur les décisions de restructuration que vous ont soufflées les petites mains qui ne sont même pas à la passerelle !
Rendez-vous compte, on dira de vous : « C’est le premier chef d’Etat qui a rendu sa grandeur à la France ! ». Bien sûr, je rêve car j’imagine que vos filtres ne vous montreront pas cette lettre mais je vais lui assurer la plus large diffusion et, qui sait, un jour de découragement à la Lanterne, vous passera-t-elle entre les mains.
Veuillez croire, Monsieur le Président, au très profond respect que je porte à la fonction que vous occupez.
Signé Yves Logette
Colonel en retraite
ayant commandé un régiment
d’hélicoptères de combat
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Monsieur le Président de la République
La place que vous occupez vous offre le pouvoir fabuleux de faire pratiquement ce que vous voulez ! Soit prendre appui sur la volonté du peuple et des élus, comme aurait fait le général de Gaulle, soit décider, seul, sans leur soutien voire contre celui-ci, comme vous n’hésitez pas à le faire.
Vous pouvez décider d’agir ou de ne rien faire.
Vous pouvez décider de ne rien faire, ou nommer une commission, ce qui revient au même sachant le nombre de personnes autorisées qui lisent et suivent les rapports d’enquête. Ne rien faire comme, par exemple, pour suivre les recommandations de la Cour des Comptes sur les dépenses exorbitantes et les gabegies de l’Etat, ses déficits abyssaux, sur la prise en compte d’une immigration croissante que le niveau du chômage en France ne permet pas d’absorber, sur le record du nombre d’élus par habitant, sur les subventions honteuses accordées à certains organismes, etc …
Vous pouvez aussi décider d’agir, comme vous le faites pour déconstruire la famille traditionnelle, comme vous l’avez fait pour déclarer la guerre, en maintes occasions, sans demander l’accord du peuple et de ses élus. Guerre au Mali contre un adversaire à notre portée, guerre en Centrafrique pour tenter d’éviter des massacres, guerres étendues au Sahel, (désolé de vous plagier avec cette anaphore) guerre en Irak aujourd’hui et peut-être en Syrie ou en Ukraine demain contre un ennemi bien décidé et fortement armé. Vous aviez décidé, seul encore, de frapper la Syrie en 2013 dans l’ombre des Etats-Unis mais avez dû retenir nos avions quand le président Obama a soumis sa propre décision au Congrès, ce qui montre, par ailleurs, que nous n’avons plus de diplomatie ni de politique de Défense indépendantes.
Concernant le budget de la Défense, vous avez fait de belles annonces (« sanctuarisation ») mais prétendre que vous allez garantir, dans la durée, le budget à 31 milliards d’euros est un mensonge car, outre que les livres blancs et lois de programmation n’ont jamais été respectés, ce budget repose sur des recettes exceptionnelles qui ne seront jamais réalisées, comme vous le savez. Sans parler du coût des opérations extérieures, patate chaude que se repassent, sans honte, tous les ministères jusqu’à ce que la Défense les assume.
Certes, les gouvernements qui vous ont précédé, et notamment celui de monsieur Sarkozy, ont largement contribué à la réduction massive des moyens militaires. Votre honneur aurait été de les rétablir à leur niveau suffisant.
Les militaires sont fatigués d’entendre le leitmotiv de la nécessaire participation de tous les ministères à l’effort de rationalisation de l’Etat car ils savent que l’effort est toujours demandé aux mêmes ! Ceux qui ne peuvent pas manifester bruyamment. On connait la chanson : « La Muette, gentille muette, la muette, je te plumerai, et la tête et le bec, etc …. »
Vous nous prenez pour des naïfs, monsieur le Président, en nous expliquant que la Défense doit, pour des raisons d’économies, se séparer de 60.000 postes en 5 ans alors que, dans le même temps, vous embauchez 60.000 fonctionnaires dans l’Education nationale qu’il faudra payer à vie, activité puis retraite.
Comment peut-on supprimer des navires de guerre, des bases aériennes, des régiments et donner, en même temps, à ces unités militaires de plus en plus de missions hors métropole ?
Comment peut-on supprimer un hôpital militaire quand nos blessés, de retour d’Opex, n’ont jamais été aussi nombreux et aussi gravement atteints ?
Vous a-t-on rapporté que nos soldats utilisent le système D ou l’achat dans le commerce pour leurs équipements de terrain qui souffrent trop rapidement ? Vous a-t-on dit que les bataillons déployés en Afrique sont notoirement insuffisants pour l’étendue des missions, le contrôle de populations innombrables et des distances énormes ? Ose-t-on vous rendre compte que les troupes restées en France ne peuvent plus s’entraîner car leurs matériels opérationnels ont été cannibalisés pour assurer une disponibilité optimale sur les théâtres d’opération ?
En tant que chef des armées (article 15), d’une nation qui est membre permanent au Conseil de Sécurité, vous savez que la grandeur de la France repose aussi sur sa capacité à imposer, si besoin par la force, la souveraineté de l’Etat partout où le drapeau tricolore flotte.
Que ferez-vous quand le groupe aéronaval ne pourra pas prendre la mer (parce que notre seul porte-avions est en révision IPER pour plusieurs mois) ni se déployer au large de côtes étrangères où nos ressortissants sont menacés ?
Que direz-vous au pays quand le sous équipement de nos forces spéciales, de notre Marine, de nos drones, etc … ne permettra pas de récupérer nos otages ?
Que direz-vous à Bruxelles quand le faible taux de maintien en condition de nos matériels ne permettra plus de participer à une éventuelle riposte européenne ?
Que direz-vous à l’ONU quand nos forces armées, déjà employées sur plusieurs théâtres en même temps, ne pourront plus constituer un contingent national pour répondre à une résolution qui garantit nos intérêts ?
Que direz-vous aux ministres du gouvernement quand les forces de l’ordre ou de sécurité seront débordées par une insurrection locale d’une banlieue ou d’un DOM aux mains de rebelles qui ne respectent plus nos lois et que la ressource en hommes du ministère de la défense s’avérera insuffisante du fait d’un surcroit d’emploi opérationnel face au terrorisme (raison d’être de nos guerres actuelles), par exemple ?
Taper du poing sur la table de négociations, quelles qu’elles soient, n’impressionne que si on cache un gros bâton dans le dos. Rappelez-vous Staline : « Le Pape, combien de divisions ? ».
Au poste qui est le vôtre, celui du capitaine, l’horizon qui doit vous hanter ne devrait pas être celui des prochaines échéances électorales, objectif petit de petits politiciens, mais celui du redressement de la France et de son image à long terme. Pour cela, vous ne devez pas sacrifier le seul atout qui vous est, par nature et tradition, je dirais même par honneur, fidèle en tous temps et en tous lieux, non pas parce que c’est vous, mais parce que vous êtes aux commandes du navire et qu’ils savent que la traversée sera longue et les tempêtes probables.
Alors, si vous voulez, monsieur le Président, que les armées vous assurent encore « le plus beau jour de votre vie » comme vous l’avez dit à Bamako, il est temps de respecter votre 60ème et dernière proposition de candidat (en espérant qu’elles ne sont pas classées par ordre d’urgence). Je vous cite : « Je maintiendrai une ambition nationale élevée pour notre outil de défense ».
Oui, si vous voulez montrer que vous êtes le capitaine, que vous êtes vraiment capable de réaliser le changement, alors regardez au-delà de l’horizon proche qui est celui de vos matelots et revenez sur les décisions de restructuration que vous ont soufflées les petites mains qui ne sont même pas à la passerelle !
Rendez-vous compte, on dira de vous : « C’est le premier chef d’Etat qui a rendu sa grandeur à la France ! ». Bien sûr, je rêve car j’imagine que vos filtres ne vous montreront pas cette lettre mais je vais lui assurer la plus large diffusion et, qui sait, un jour de découragement à la Lanterne, vous passera-t-elle entre les mains.
Veuillez croire, Monsieur le Président, au très profond respect que je porte à la fonction que vous occupez.
Signé Yves Logette
Colonel en retraite
ayant commandé un régiment
d’hélicoptères de combat